Depuis 3 ans que nous résidons ici, nous rêvions d’aller contempler la merveille. Mais faute de temps et de moyen de locomotion digne de ce nom, nous hésitions. D’autant que certains propos entendus ne donnaient pas franchement envie : 12 à 13 h pour parcourir 500 km de route à nids de poule ou à dos d’âne, et au bout une ville (Morondava) sale, périodiquement ravagée par les cyclones, plages polluées d’excréments et détritus de toutes sortes. D’autres, au contraire, évoquaient les poissons et crustacés délicieux, l’accueil sympathique des habitants, une région orientée vers la mer : pêche, baignade, construction de boutres… et la fameuse allée de baobabs !
Finalement des amis français venus en mission à l’hôpital Luthérien de Morondava nous ont invités à les rejoindre et à profiter d’un logement gratuit en échange de quelques services de Pompon dans le cadre du labo et de l’organisation de l’hôpital. Alors, on s’est décidé à tester notre petite suzuki sur grandes distances, ce que nous n’avions jamais osé, considérant que tomber en panne dans un pays étranger et de surcroit désert sur de nombreux kilomètres, dans des coins paumés de chez paumés, à l’heure où l’insécurité monte dans tout le pays, était un peu risqué ! Bien nous en a pris, la suzuki a tenu la route, vaillante, performante et même économe en eau et huile. La dite route a été quasi refaite à neuf sur les 500 km et nous avons avalé le trajet en 8 h, en évitant les poules, les zébus, les enfants, les vélos, les charrettes, et les trous qui demeurent sur 10 km.
Alors, Morondava ? chaud, très chaud côté climat ; amis sympathiques, accueil du personnel doublement « hospitalier » ; plages nickel (des campagnes sur l’hygiène ont modifié les comportements) ; mer à température idéale ; produits de la mer délicieux « chez Alain », j’ai encore en bouche la saveur d’énormes « camarons » (sorte de monstrueuses gambas) ; et les baobabs aussi féériques que ce que nous avions imaginé…
Pompon a travaillé un peu chaque jour. Cela ne nous a pas empêché d’aller visiter une léproserie dépendant de l’hôpital Luthérien. Rude expérience mais pas aussi difficile que du temps du Dr Schweitzer, car désormais les traitements existent, performants et efficaces, et les gens consultent plus tôt dès les premiers symptômes. Cependant la maladie reste honteuse et le malade se trouve souvent exclu de son village et de sa famille. La direction de l’hôpital nous a « prêté » voiture confortable, chauffeur et personnel accompagnant pour faire une virée dans la forêt de Kirindy (60 km de Morondava), où vivent lémuriens, foussas (le seul mammifère carnivore de l’île) et des oiseaux magnifiques : plumeau sur le bec, sur la tête (Alouette !!!), couleurs de l’arc en ciel, gros, petits ….
Après 4 jours de rêve, nous avons pris le chemin du retour. La suzuki a été nickel à nouveau. Heureusement car nous avons ramené un panier plein de mangues et de bananes. Les premières ont fini en confiture (avec vanille) et les secondes dans nos estomacs. Un petit arrêt à Ankazo, chez nos amis médecins Salohy et Lanto, a permis à Pompon de voir un « éléphantiasis », maladie genre baobab, qui fait des déformations «énormes » de certaines parties du corps (là, c’était la jambe) ; puis nous avons réintégré Antsirabé où on apprécie le climat tempéré et les nuits plus fraîches qu’à Morondava.
Mais quel beau voyage !!
Encore un bien beau texte: quel talent!
RépondreSupprimerJean