mardi 11 septembre 2012



Les lémuriens

Nous avons quitté Mada sans parler d’une spécialité de l’île : les lémuriens… sujet tout trouvé pour notre dernier blog malgache.
Qu’est ce qu’un lémurien ? Non ce n’est pas un singe, du moins pas au sens de l’évolution animale qui il y a quelques millions d’années a donné deux branches, l’une sur laquelle sont assis les lémuriens, l’autre sur laquelle sont installées les singes, dignes ancêtres de l’homme.
Mais les lémuriens font partie des primates, ils ont les pieds préhensiles capables de saisir les branches et objets de toutes sortes, d’où une extrême agilité dans les arbres et un caractère parfois qualifié de joueur. De loin leur allure peut faire penser au chimpanzé surtout que comme lui ils se nourrissent parfois de bananes ! Là s’arrêtent sans doute leurs ressemblances avec l’espèce simiesque.
Mais pourquoi avoir tant attendu pour causer des lémuriens ? Parce que, s’il s’agit d’une espèce animale que l’on ne trouve vraiment qu’à Madagascar, on peut faire le tour de l’Ile sans en voir un seul. Ils ne courent pas les rues mais les forêts et celles-ci se raréfiant, les lémuriens aussi. On peut aller les découvrir, en cage, au parc de Timbazaza, le jardin des plantes de la capitale, ou en liberté contrôlée au Lémur Park (qui porte bien son nom) à 25 km de la capitale.
Evidemment le mieux c’est de courir après dans les réserves forestières et autres parcs nationaux. Et là, ce n’est pas gagné !! Soit il fait trop chaud et marcher par 40 ° à l’ombre, ce n’est pas évident. Soit il pleut ou il a plu et le terrain devient très vite glissant quand il faut gravir des pentes parmi les arbres et arbustes sans perdre de vue le guide (obligatoire dans ces lieux). Soit le groupe de lémuriens était là 10 mn avant notre passage, et sera là 10 mn après mais au temps t, il était parti narguer d’autres badauds. Bref, la poursuite des lémuriens est un sport mais le bonheur est à la hauteur de l’effort fourni.
Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs, des dizaines de familles, avec ou sans queue, diurne ou nocturne, frugivore ou herbivore, des touts petits : la taille du poing, des grands : 70 cm à 80 cm, qui se déplacent à pieds joints... Ils ont d’immenses yeux bien ronds à la pupille bien dessinée, ce qui leur confère beaucoup de charme.
Il y a l’Indri indri, le plus gros, le plus fort, le plus impressionnant. Le soir et le matin, il crie pour marquer son territoire, des cris puissants qui portent à 2 ou 3 km, pas vraiment rassurants. La nuit il dort ; le matin il s’alimente au sommet des arbres de fruits dont les noyaux tombent sur la tête des visiteurs ; l’après midi il se repose. Sa fourrure gris clair et brun-noir n’est pas sans rappeler celle des pandas, les nouveaux hôtes prêtés à la France par la Chine. Surnommés babakoto, les Indri indri (ce qui en malgache traduit le superlatif), font partie des contes qui mettent en scène des animaux protecteurs d’enfants.
Le maki catta, à la queue zébrée de noir et blanc, est aussi très connu. Il vit en petits groupes  dans les grands arbres. Le petit accroché à la poitrine de sa mère virevolte avec elle, de branche en branche. Il est vif, joyeux, capable de passer entre les jambes des baroudeurs qui restent à les attendre, le nez en l’air…

Les eulemur rufus ou vulfus font partie des espèces les plus répandues dans l’île. Laissés en semi-liberté, ils adorent venir chaparder les bananes dans les sacs et n’hésitent pas à sauter d’épaules à épaules pour observer ce qu’ils pourraient bien grapiller. Certains sont cabotins, d’autres discrets et timides…  Bref, il y en a pour tous les goûts.
Leur protection est devenue une cause nationale, tant les feux de forêt, principale source de déforestation, sont nombreux, provoquant la réduction du nombre de lémuriens. Les projets de conservation ou de replantation, tels ceux proposés par l’Homme et l’Environnement, une ONG avec laquelle nous avons travaillé (à propos de plantes médicinales et d’huiles essentielles), font de cette protection une priorité.





dimanche 30 octobre 2011

Voyage au pays des baobabs



Dans le monde, il existe 9 espèces de baobabs dont 8 sont endémiques de Madagascar. On trouve ces arbres de savane sèche dans le sud et l’ouest de l’île. Gorgés d’eau, les baobabs ont un tronc énorme et haut (jusqu’à 30 m de hauteur) et une ramure perchée au sommet, un peu ridicule si on la   compare à l’opulence du tronc. Emergeants de la savane, visibles de très loin, ils offrent une troisième dimension aux paysages malgaches. Majestueux, puissants, ils fascinent. L’allée des baobabs, à une vingtaine de km au nord de Morondava figure dans tous les guides de voyage et les manuels de géographie comme site remarquable.



Depuis 3 ans que nous résidons ici, nous rêvions d’aller contempler la merveille. Mais faute de temps et de moyen de locomotion digne de ce nom, nous hésitions.  D’autant que certains propos entendus ne donnaient pas franchement envie : 12 à 13 h pour parcourir 500 km de route à nids de poule ou à dos d’âne, et au bout une ville (Morondava) sale, périodiquement ravagée par les cyclones, plages polluées d’excréments et détritus de toutes sortes. D’autres, au contraire, évoquaient les poissons et crustacés délicieux, l’accueil sympathique des habitants, une région orientée vers la mer : pêche, baignade, construction de boutres… et la fameuse allée de baobabs !

Finalement des amis français venus en mission à l’hôpital Luthérien de Morondava nous ont invités à les rejoindre et à profiter d’un logement gratuit en échange de quelques services de Pompon dans le cadre du labo et de l’organisation de l’hôpital. Alors, on s’est décidé à tester notre petite suzuki sur grandes distances, ce que nous n’avions jamais osé, considérant que tomber en panne dans un pays étranger et de surcroit désert sur de nombreux kilomètres, dans des coins paumés de chez paumés, à l’heure où l’insécurité monte dans tout le pays, était un peu risqué ! Bien nous en a pris, la suzuki a tenu la route, vaillante, performante et même économe en eau et huile. La dite route a été  quasi refaite à neuf sur les 500 km et nous avons avalé le trajet en 8 h, en évitant les poules, les zébus, les enfants, les vélos, les charrettes, et les trous qui demeurent sur 10 km.

Alors, Morondava ? chaud, très chaud côté climat ; amis sympathiques, accueil du personnel doublement « hospitalier » ; plages nickel (des campagnes sur l’hygiène ont modifié les comportements) ; mer à température idéale ; produits de la mer délicieux « chez Alain », j’ai encore en bouche la saveur d’énormes « camarons » (sorte de monstrueuses gambas) ; et les baobabs aussi féériques que ce que nous avions imaginé…

Pompon a travaillé un peu chaque jour. Cela ne nous a pas empêché d’aller visiter une léproserie dépendant de l’hôpital Luthérien. Rude expérience mais pas aussi difficile que du temps du Dr Schweitzer, car désormais les traitements existent, performants et efficaces, et les gens consultent plus tôt dès les premiers symptômes. Cependant la maladie reste honteuse et le malade se trouve souvent exclu de son village et de sa famille. La direction de l’hôpital nous a « prêté » voiture confortable, chauffeur et personnel accompagnant pour faire une virée dans la forêt de Kirindy (60 km de Morondava), où vivent lémuriens, foussas (le seul mammifère carnivore de l’île) et des oiseaux magnifiques : plumeau sur le bec, sur la tête (Alouette !!!), couleurs de l’arc en ciel, gros, petits ….
Après 4 jours de rêve, nous avons pris le chemin du retour. La suzuki a été nickel à nouveau. Heureusement car nous avons ramené un panier plein de mangues et de bananes. Les premières ont fini en confiture (avec vanille) et les secondes dans nos estomacs. Un petit arrêt à Ankazo, chez nos amis médecins Salohy et Lanto, a permis à Pompon de  voir un « éléphantiasis », maladie genre baobab, qui fait des déformations «énormes » de certaines parties du corps (là, c’était la jambe) ; puis nous avons réintégré Antsirabé où on apprécie le climat tempéré et les nuits plus fraîches qu’à Morondava.
Mais quel beau voyage !!