Les lémuriens
Nous avons quitté Mada
sans parler d’une spécialité de l’île : les lémuriens… sujet tout trouvé
pour notre dernier blog malgache.
Qu’est ce qu’un
lémurien ? Non ce n’est pas un singe, du moins pas au sens de l’évolution animale
qui il y a quelques millions d’années a donné deux branches, l’une sur laquelle
sont assis les lémuriens, l’autre sur laquelle sont installées les singes,
dignes ancêtres de l’homme.
Mais les lémuriens font
partie des primates, ils ont les pieds préhensiles capables de saisir les
branches et objets de toutes sortes, d’où une extrême agilité dans les arbres
et un caractère parfois qualifié de joueur. De loin leur allure peut faire
penser au chimpanzé surtout que comme lui ils se nourrissent parfois de
bananes ! Là s’arrêtent sans doute leurs ressemblances avec l’espèce
simiesque.
Mais pourquoi avoir tant
attendu pour causer des lémuriens ? Parce que, s’il s’agit d’une espèce
animale que l’on ne trouve vraiment qu’à Madagascar, on peut faire le tour de
l’Ile sans en voir un seul. Ils ne courent pas les rues mais les forêts et
celles-ci se raréfiant, les lémuriens aussi. On peut aller les découvrir, en
cage, au parc de Timbazaza, le jardin des plantes de la capitale, ou en liberté
contrôlée au Lémur Park (qui porte bien son nom) à 25 km de la capitale.
Evidemment le mieux c’est
de courir après dans les réserves forestières et autres parcs nationaux. Et là,
ce n’est pas gagné !! Soit il fait trop chaud et marcher par 40 ° à
l’ombre, ce n’est pas évident. Soit il pleut ou il a plu et le terrain devient
très vite glissant quand il faut gravir des pentes parmi les arbres et arbustes
sans perdre de vue le guide (obligatoire dans ces lieux). Soit le groupe de
lémuriens était là 10 mn avant notre passage, et sera là 10 mn après mais au temps
t, il était parti narguer d’autres badauds. Bref, la poursuite des lémuriens
est un sport mais le bonheur est à la hauteur de l’effort fourni.
Il y en a de toutes les
formes et de toutes les couleurs, des dizaines de familles, avec ou sans queue,
diurne ou nocturne, frugivore ou herbivore, des touts petits : la taille du
poing, des grands : 70 cm à 80 cm, qui se déplacent à pieds joints... Ils
ont d’immenses yeux bien ronds à la pupille bien dessinée, ce qui leur confère
beaucoup de charme.
Il y a l’Indri indri, le
plus gros, le plus fort, le plus impressionnant. Le soir et le matin, il crie
pour marquer son territoire, des cris puissants qui portent à 2 ou 3 km, pas
vraiment rassurants. La nuit il dort ; le matin il s’alimente au sommet
des arbres de fruits dont les noyaux tombent sur la tête des visiteurs ;
l’après midi il se repose. Sa fourrure gris clair et brun-noir n’est pas sans
rappeler celle des pandas, les nouveaux hôtes prêtés à la France par la Chine.
Surnommés babakoto, les Indri indri (ce qui en malgache traduit le superlatif),
font partie des contes qui mettent en scène des animaux protecteurs d’enfants.
Le maki catta, à la queue
zébrée de noir et blanc, est aussi très connu. Il vit en petits groupes dans les grands arbres. Le petit accroché à la
poitrine de sa mère virevolte avec elle, de branche en branche. Il est vif,
joyeux, capable de passer entre les jambes des baroudeurs qui restent à les
attendre, le nez en l’air…
Les eulemur rufus ou
vulfus font partie des espèces les plus répandues dans l’île. Laissés en
semi-liberté, ils adorent venir chaparder les bananes dans les sacs et n’hésitent
pas à sauter d’épaules à épaules pour observer ce qu’ils pourraient bien
grapiller. Certains sont cabotins, d’autres discrets et timides… Bref, il y en a pour tous les goûts.
Leur protection est devenue
une cause nationale, tant les feux de forêt, principale source de
déforestation, sont nombreux, provoquant la réduction du nombre de lémuriens. Les
projets de conservation ou de replantation, tels ceux proposés par l’Homme et
l’Environnement, une ONG avec laquelle nous avons travaillé (à propos de
plantes médicinales et d’huiles essentielles), font de cette protection une
priorité.